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UN VIRON À NERONDE

Néronde, 2000 ans d’histoire

Un dolmen (détruit) près de Balbigny, et la source celtique de la Doye, attestent une très ancienne occupation des lieux. Au 1er siècle après J.-C., au moment de la création de Feurs (Forum Segusiavorum), l’ancien Néronde se trouve autour de la chapelle du cimetière. En témoigne la cippe de Titus Messala qui sert de socle au bénitier.

 Néronde en 1460 – Armorial de Guillaume Revel

 

Au XIe siècle, le château fort dominant la plaine à l’emplacement de la mairie actuelle va donner naissance au Néronde que nous connaissons. Néronde doit à sa position de frontière, entre les possessions des sires de Beaujeu et celles des comtes du Forez, de devenir châtellenie comtale, puis royale…puis chef-lieu de canton jusqu’en 2015 !

Au XIIe siècle, la chapelle de Néronde (déjà attestée en 984) est reconstruite (chœur + clocher-mur roman). Elle sera agrandie au XIVe siècle, alors que « Néronde du bas », qui s’est développée autour de son château fort, s’enclot de murailles remplaçant les anciens « palis » (palissades).

Né à Néronde en 1564, le Père Coton, confesseur d’Henri IV puis de Louis XIII, sera le plus illustre enfant du pays. Fils du capitaine du  châtelain de la cité, catholique fervent mais fidèle à son roi et œcuménique avant la lettre, il donnera à la France son fameux juron « Jarnicoton ! », et à sa ville natale une pluie de bienfaits, dont la foire froide de septembre et l’enrichissement  (fresques, sculpture, retable) de la chapelle.

Pendant la Révolution, alors que nombre de communes environnantes prennent parti pour la cause royaliste, Néronde, comme Feurs, reste républicain.

Le tissage, introduit au XVIIIe siècle par le curé Desvernay, devient la seconde ressource de la région, avec la vigne attestée depuis le XIIe siècle (une des premières de tout le Forez).

Le XIXe siècle se distingue par la démolition du château, de deux portes de la ville, de la plupart des maisons à encorbellement et de l’église romane.

Depuis 1987 l’association des Amis de Néronde (ADN), s’efforce de préserver et de faire revivre ce qui reste du riche passé nérondois. C’est elle qui a entrepris, aidée par la population et par de jeunes belges, le décrépissage et le rejointoiement de la chapelle.

Le petit bulletin « Jarnicoton », publié 3 fois par an par l’ADN jusqu’en  2008, a contribué à rassembler les souvenirs du patrimoine nérondois.

Visiter Néronde

Arrivant de Balbigny ou de Violay, on entre dans le village en passant près du Lycée Professionnel du Bâtiment entièrement rénové en 1992, puis on longe la Tour Coton 1 qui rappelle le  souvenir du Père Coton, confesseur d’Henri IV, pour arriver Place du Palud 2 d’où l’on peut admirer le panorama de la colline de Rochebérard. À la gauche de la Tour Coton, un pan de mur en décrochement laisse voir une meurtrière de l’ancien rempart du XIVe siècle, qui remplaça le Palis (palissade) qui donna son nom à la place du Palud.

Quittant la rue principale, nous empruntons la Rue des Œufs (traces de meurtrières sur les vestiges de l’ancien rempart) qui nous mène à la Tour des Œufs (XIVe) 3.

Quelques mètres plus loin, dans la rue des Œufs, débouche la rue Traîne-Cul 4 ancienne voie romaine au bord de laquelle s’édifia le Néronde médiéval, qui monte  de la plaine de la Loire vers la Chapelle, Violay et Tarare. Après une courte mais raide montée, nous voici sur la Place du Pilori 5 où une croix remplace le pilori de l’ancien château (détruit au XIXe) qui s’élevait Place de la Liberté.

Par la porte ogivale en pierre 6 du XIVe nous pénétrons dans le Néronde intra-muros en longeant une barbacane (couloir bordé de meurtrières d’où l’on pouvait tirer sur les assaillants). Appuyée à la Tour Carrée et à l’ancienne Maison des Sœurs Saint-Charles qui lui fait face, s’élevait une 2ème porte en pierre, la Magna Porta (détruite en 1907).

À gauche dans la rue de l’ancienne cure, une maison à colombages et encorbellement 8 témoigne du visage ancien de Néronde. La rue se poursuit jusqu’à l’ancienne prison 9.

Revenant sur nos pas, nous arrivons à l’église néo-gothique 10 (construite en 1867) qui remplace l’église romane démolie en 1864, dont le porche 11 est cependant conservé dans un renfoncement sur le côté droit.

Descendant la Grand’Rue, à gauche près de l’église, s’élève La Ferrière 12, ancienne maison forte des Talaru (illustre famille possessionnée à Chalmazel, St-Marcel de Félines et Saint-Forgeux) dont le blason se voit encore sur la façade.

En bas de la Grand’Rue, avant d’arriver au Palud, nous empruntons une ancienne « ruette » qui débouche sur  la placette du cuvage  13 puis, sur la droite, Place du Plâtre 14, très ancienne place du Vieux Néronde, dont le nom perpétue le souvenir de la « pyôtre » (la boue, du latin emplastrum) où piétinaient nos ancêtres.

Par la rue du Père Coton, nous arrivons place de l’Église  15. Face à la Ferrière, une enseigne représentant une clef nous rappelle l’emplacement de l’ancienne quincaillerie.

Remontant cette fois la Grand’Rue, nous passons entre une maison du XVIe (fenêtre à meneaux) 16 et l’ancienne maison Delandine (député aux États Généraux) 17. En continuant la Grand’Rue, nous voici place de la Liberté, à l’emplacement où se dressait autrefois le château fort de Néronde et son fier donjon 18.

Nous pouvons poursuivre notre promenade à notre gré : bien des surprises nous attendent.

Descendant sur la droite après avoir dégringolé l’escalier du VTT, d’où nous pouvons admirer une maison à aîtres 19, nous pouvons aller nous recueillir près de la source celtique de la Doye (ou Doua) 20 qui nous ouvre le domaine enchanté du « Petit Bois ».

Mais ne quittons pas Néronde sans reprendre la voie romaine qui, par la rue de la Sauverie 21 et la montée des Roches nous conduira à la table d’orientation (inaugurée le 10 juin 2001) 23 où l’on découvrira un vaste panorama allant du Roannais aux monts du Lyonnais en passant par la plaine du Forez, Pierre sur Haute, le Mézenc, le Gerbier de Jonc et la Pilat. Continuons notre montée pour arriver à la Chapelle de Notre-Dame de Néronde 22, où de riches souvenirs (décrits page suivante) du Ier au XXe siècle méritent un arrêt attentif.

 

La Chapelle Notre-Dame de Néronde

Attestée au IXe siècle, remaniée au XIIe (clocher mur), notre chapelle est un témoin millénaire de la vie et de la foi de notre commune.

Succédant à un lieu de culte plus ancien, notre chapelle était un lieu de pèlerinage pour les paroisses environnantes il y a plus de mille ans.

Voici quelques-uns des trésors de cette « colline inspirée ».

Le Cippe romain

·         A droite en entrant, le bénitier roman est supporté par une colonne funéraire du Ier siècle, sur laquelle on peut déchiffrer l’inscription : DIIS MANIBUS E MEMORIAE AETERNA TITIUS MESSALA VIVO SIBI PONENDUM CURAVIT ce qui signifie « Aux dieux mânes et à la mémoire éternelle, Titus Messala de son vivant s’est fait élever son tombeau ».

·         A gauche dans la nef, se trouvait le Saint-Christophe de Foyatier, la 1ère œuvre d’un sculpteur qui eut son heure de gloire au XIXe siècle (Jeanne d’Arc d’Orléans, frise de l’Arc de triomphe etc…). Le saint patron de Néronde sculpté en 1810 par un petit paysan de 17 ans né dans le hameau voisin de Bézins, à malheureusement été dérobé en 1999.

·         A droite dans la nef, le Saint-Vincent des vignerons de Néronde est mis en valeur dans sa modestie par un magnifique support du XVIIIe siècle qui a étonné le service des monuments historiques.

·         A gauche avant de pénétrer dans le chœur, se tenait Notre-Dame de Néronde belle statue de vierge à l’enfant datant du XIVème siècle en bois polychrome et doré sur bois de tilleul. Elle a été restaurée en 2018, mais  ne peut malheureusement pas être exposée, par manque de dispositif de sécurité et se cache donc actuellement quelque part dans le village… On peut cependant l’admirer sur une photo posée sur son socle.

Le XIVe siècle dans le chœur

Mur de gauche : l’inscription solennelle rappelant l’inauguration de la chapelle rénovée le 15 août 1309 par le comte Jean du Forez « ano D(OMI)NI  M CCC NO DIE ASSUMPTIONNIS B(EA)TO MARIE FUIT CELEBRATU IN HOC CHORO ».

Mur du fond du chœur, de part et d’autre de l’autel, deux fresques du XIVe siècle : une vierge à l’enfant et une crucifixion, hélas détériorées.

Le XVIIe siècle dans le chœur

Riche ensemble baroque qui demande un examen détaillé et des commentaires impossibles ici. Enrichissement subit de la chapelle à mettre en relation avec l’élévation du nérondois Pierre Coton au poste périlleux de confesseur du Vert Galant.

·         Voûte en 4 parties avec un ange déluré descendant du ciel, au centre frénésie de volutes, de rinceaux et de feuillages entourant le Christ et Marie dans la joie et l’infini.

·         Fausse fenêtre (côté nord) imitant la vraie (côté sud) et nous montrant Guichard Coton (le capitaine châtelain de Néronde, père du confesseur) en prière, à deux pas de sa dalle funéraire où, si vous avez de bons yeux, vous déchiffrerez son blason « à la croix cantonnée de quatre étoiles ».

·         Magnifique retable (au-dessus de l’autel) avec Dieu le Père entouré d’anges, de fruits de la terre en cornes d’abondance et de colonnes aux lierres joyeux ; au centre, une statue de la Vierge en bois polychrome doré datant du XVIIe siècle.

·         Deux superbes statues : St Roch (daté de 1617) accueille les pèlerins pestiférés d’un bras levé plein de confiance optimiste, St Blaise (1629) patron des cultivateurs, des filateurs et des tisseurs, leur indique qu’il faut tourner les yeux vers le tabernacle.

N’oubliez pas en sortant, la Pietà (XVIe siècle) de la galinière à qui répond la Vierge à l’enfant (XXe siècle) de Bernard Chassin (potier actuel de Néronde, à la Rivière). Cette dernière est la signature de l’association des Amis De Néronde (ADN) après ses travaux de restauration des murs de la chapelle avec l’aide de jeunes belges. Ces deux œuvres, également émouvantes dans leur absence de grandiloquence évoquent les deux bouts du chemin d’une maman toujours accueillante : celle où vient se réfugier l’enfant inquiet de l’inconnu qui l’attend, et celle qui reçoit le corps abîmé de son fils assassiné.